dimanche 14 octobre 2012

Ambiance feuilles mortes

Ah ! il y a des jours comme ça. Je n'ai pas lu Chateaubriand, encore, mais j'ai entendu Desproges encenser PPDA - ça compense assurément.








J'irai donc, la jambe élancée, l'écharpe au vent mauvais frissonnant dans l'éprouvante amertume des sous-bois de l'automne, le coeur bercé d'une langueur tout à fait monotone, en dépit des saillies alpestres composant le décor, mais derrière.

Faut jouer du contraste pour le voir

Le Mont Pourri (merci Alain)

Meije, Rateau et compagnie

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les châtaignes avec elles, et on n'est pas à l'abri d'un champignon ou deux. Il ne manquera que la cheminée et le crépitement du feu de bois. Chemin faisant, je ris jaune, et les pensées se mettent au diapason.



A la croisée des chemins, aux Croisettes, c'est trop tard, il n'aura pourtant pas manqué grand chose, mais les nuages noirs ont avancé plus vite que moi. Le Mont Blanc s'est effacé... terminus... fin de parcours. Autumn leaves...


vendredi 12 octobre 2012

Mea culpa

Je revois, c'est 2005, chansons et sérénades, c'est Paix ! Paix ! Paix... inter(nationalisme) encore ! européisme évidemment ! Élan ! élan... Victor Hugo grand-père, au coin du feu, et Ludwig van dans les oreilles hurle à la Joie de nous petits taureaux excités par le drapeau bleu. Ah ! étoiles d'or plein les yeux... Gott ! Gott ! Ach ! Schwester und Bruder ! Take me higher... 

Je vois, c'est 2012, débandade et tragédie, c'est Crise ! Crise ! Crise... (inter)nationalisme ligoté... le fascisme sans l'aimer ! Chute ! chut... Victor Hugo grand-père, dans les flammes de l'enfer, et Ludwig van assourdi pour nous déconfits misérables vers de terre écrasés. Ah ! règle d'or plein le dos... Allah ouakbar ! quel ramdam... Bérézina.

C'est pas qu'elle est pas belle Shéhérazade, au bout seulement de mille et une nuits, je la vois sous un autre jour. Mille folies pour Dulcinée ? Oui ! Malgré encore sa laideur, sa vulgarité, depuis que des vils magiciens lui ont jeté un sort. Dulcinée mérite que le Chevalier à la Triste Figure attaque les Géants qui ont causé sa perte. 

Qu'ont-ils donc fait de toi ? TSCG. MES. FESF. Marché Transatlantique. Qu'ont-ils donc fait de toi ? Ce qu'ils avaient prévu. Ce que nous n'avions pas compris. Tout était là. Tout y est toujours, Oubli et Propagande encore à l’œuvre, musique de fin du Titanic.

Ah ! Vive World War II ! Oh ! Vive le Goulag ! Van Rompuy ne serait jamais allé cherché le Prix Nobel... imaginez... On essaye encore, d'y croire : Printemps Arabe ! Pussy Riot ! Poutine grand méchant loup ! Kadhafi vilain ! Ahmadinejad pas beau ! On essaye. Obama il est gentil, et il a de belles dents. On essaye, on finira bien par aller se faire voir chez les Grecs. Et quand je dis "chez", abus de langage... la Grèce n'est plus aux Grecs. Fini. Terminé. Entendu ! Liquidation totale, même la mer est liquidée.

Que reste-t-il de sain ? de vivant ? Qui nous tire par les cheveux ? vers quel "théâtre d'opérations" ? Pourquoi toutes les réponses à ces questions sont trop évidentes ? Il va en falloir, de la force morale, pour ne pas y aller. Je crois que nous n'en avons plus. C'est sans doute pour cela, ce Prix. Rien ne va plus, les joueurs sont faits, passage à la Caisse, avant à tabac.

jeudi 11 octobre 2012

Dernier requiem pour les valeurs du sport ?

Je me permets simplement une petite pensée aujourd'hui pour ceux, nombreux, innombrables, qui s'offusquaient encore quand on leur disait que le sport, même depuis Festina, est complètement ravagé par le dopage, et qui doivent désormais affronter le rapport de l'USADA sur Armstrong. 

La petite chanson : il y a de plus en plus de contrôles, de plus en plus pointus, bla, bla, et reblabla.

Répétons-le inlassablement, surtout quand les faits nous donnent raison :

"On ne prend que les imbéciles et les imprudents." 

Les contrôles ne servent à rien. Plus on en fait, moins on prend de gens. Évidemment pas parce qu'ils arrêtent de se doper, mais parce qu'ils arrêtent de se faire surprendre et s'organisent mieux.

Ah ! ça va pleurnicher encore et encore sur les valeurs du sport, bla, bla, et reblabla.

samedi 6 octobre 2012

Liberté pour tous de penser comme les journalistes

TARTUFFE, il tire un mouchoir de sa poche
Ah ! mon Dieu, je vous en prie,
Avant que de parler, prenez-moi ce mouchoir.

DORINE
Comment ?

TARTUFFE
Couvrez ce voile que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.


*****

Et ça a continué comme ça. Il fut un temps, on pouvait lire Rien n'est sacré, tout peut se dire, du situationniste Raoul Vaneigem, et penser que c'était là une position sinon de gauche, du moins partagée par la gauche, et a minima par l'extrême-gauche.

Répétons-le :
« Issue du libre-échange et de la libre circulation des biens et des personnes, la liberté d’expression est aujourd’hui menacée par cet esprit marchand qui avait présidé à sa naissance. »

 Ce n'est pas le despotisme qui limite désormais la liberté d'expression, c'est la >> démocratie <<
« Il est indigne que les citoyens se laissent traiter à la façon des écoliers voués à ingurgiter passivement des connaissances mortes au lieu d’être nourris d’un savoir guidé par le souci de mieux vivre. »
 
Le Spectacle assomme le citoyen d’un flot d’informations dont le tri demande d’immenses efforts et de longs apprentissages, pour se défaire de l’emprise de la propagande, de l’émotionnel, de l’insignifiant, de l’obscurantisme, du futile…

La liberté d’expression se gagne… mais n’est certainement pas un principe qu’on décrète une fois pour toute… c’est un combat quotidien, d’une part pour déconstruire la propagande du système de domination, et d’autre part pour créer, et, selon le vocable de Vaneigem, « vivre mieux ». 

La liberté d’expression présuppose, écrit Vaneigem, qu’il « n’existe ni droit ni liberté de tuer, de tourmenter, de maltraiter, d’opprimer, de contraindre, d’affamer, d’exploiter ». A partir de quoi, il ne saurait y avoir de limite à son usage, bien au contraire. Il aligne ensuite les arguments :
- la censure s’alimente elle-même ;
- on n’interdit pas l’absurdité ;
- la pensée ignoble est un symptôme d’un malaise, et ce qu’il faut condamner, c’est notre passivité à trouver un remède ;
- les pensées les plus dérangeantes empêchent d’ériger les vérités du jour en Vérité absolue ;
- l’autocritique amène à l’indifférence à l’égard des opinions des autres ;
- la haine périt d’elle-même et « l’offenseur s’expose au pilori de ses propres sarcasmes » ;
- etc.

Là où la prise de parole relève d’une instance judiciaire, c’est quand une menace est accompagnée de moyens de la réaliser… et pour ce qui concerne la protection de l’enfance. Au-delà, tout peut donc se dire, et c’est le moyen pour le citoyen « [d’]identifier ses désirs, de les exprimer, de les communiquer, de les accomplir ». C’est la condition de transformation sociale.

« La liberté d’expression est le langage restitué au vivant. »

Où en sommes-nous ? Charlie Hebdo publie une nouvelle fois des caricatures de Mahomet. Soit. M'étant désabonné, je ne les ai pas vues, et peu importe : il faut défendre leur droit à les publier.

MAIS - mais, on peut s'étonner de deux choses. La première : à gauche, certains rechignent à défendre Charlie Hebdo au prétexte que ce serait rejoindre les "fascistes". La seconde : Charlie Hebdo adore railler les sacralités des autres, mais n'envisage pas une seule seconde de s'attaquer à celles de nos sociétés. Et vous allez voir que je vais relier ces deux choses : Eric Zemmour - "fasciste" selon la bienpensance allant de Besancenot au Nouvel Obs' en passant par Charlie - explique très bien que l'hebdo ne publierait pas une caricature sur la Shoah. 

Face aux menaces, Charb est protégé par la police. Joe lecorbeau qui, lui, publie des caricatures sur la Shoah, et est également menacé, est convoqué par la police. Et, lorsqu'il tente de publier un article sur Agoravox pour dénoncer ces deux vitesses, son article n'est pas validé. Que signifie agoravox ?

Le spectre de ce qui peut se dire est extraordinairement rétréci, d'un côté par les lois mémorielles, mais surtout par le travail de sape qui consiste à nazifier de plus en plus de monde. L'accusation finira par revenir à la tête même de Pierre Nora. Imaginons la tête de l'équipée néo-nazie selon la bienpensance : Marc-Edouard Nabe, Lars von Trier, Edgar Morin, Siné, Pierre Bourdieu, Renaud Camus, Jean Bricmont, Alain Soral, Richard Millet, Dieudonné, Pascal Boniface, Noam Chomsky, Thierry Meyssan, etc. (liste pléthorique de "fascistes", "antisémites", "négationnistes", "incitateurs à la haine raciale"). C'est l'armée mexicaine attablée à l'auberge espagnole. Mais nos bienpensants ne doutent de rien et appellent ça l'amicale rouge-brune. 

*****


Et ça s'est poursuivi encore. Diam's est réapparue sur TF1. Je dois bien avouer que je ne suis pas très au faîte de l'actualité de Diam's, et que je regarde TF1 aussi souvent que je vais en vacances sur Pluton. Heureusement - si on veut, cette apparition a provoqué la fureur des médiacrates : voilée, elle fait du prosélytisme, c'est dangereux pour la jeunesse, c'est un peu comme Merah.

Alors, le rap dégénéré consumériste et inculte, ce qu'elle faisait alors qu'elle était une "star" du "showbiz", ça ce n'était pas dangereux, ni prosélyte, ni un mauvais exemple pour la jeunesse. Quand on écoute son entretien, d'ailleurs, elle explique qu'elle allait très mal, et que le rap était le moyen pour elle de faire passer son malaise sans avoir besoin d'avoir le moindre talent. Elle a tout simplement fini en zombie, ce qui n'a jamais provoqué de débat de dizaines de minutes sur les plateaux TV sur les dangers et méfaits de la Société du Spectacle. 

En revanche, maintenant qu'elle est sauvée, et manifestement apaisée, rassérénée, bien dans sa vie, c'est un affreux danger ambulant. Ils sont terrifiés les médiacrates, terrifiés. Son voile de Ben Laden leur rappelle les actes de Merah. Si, si, vous savez Merah, celui dont ils applaudissent les actes - à condition qu'ils aient lieu en Libye, en Syrie, partout... mais pas en France.

Les libertés de culte et d'expression sont devenues la liberté de penser, de croire et de dire ce que les médiacrates pensent.

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Et je termine comme ça : Vincent Reynouard. Lui, pour le coup, est néo-nazi, il s'en réclame explicitement. Il a été emprisonné pour ce qu'il a écrit, et est maintenant poursuivi par Riss, dessinateur à Charlie Hebdo. C'est lugubre. Professeur Choron ! Vuillemin ! Hitler = SS ! Sommes-nous si faibles ?