dimanche 3 janvier 2016

Demain, la révolution.com


Il est très bien fait. C'est une bonne base. C'est même probablement indispensable pour quiconque s'abreuve habituellement à la télé. 

Le hic serait d'en rester là. Le voir et n'en tirer aucune conséquence concrète. Mais aussi, le voir et s'en tenir aux solutions proposées par le film. 

Tout cela est très bien, des exemples formidables partout dans le monde. Pourtant, ce n'est pas assez radical. Rapidement, ce qui manque et pose problème, de mon point de vue : 

- C'est très bien d'aller aux 4 coins du monde pour trouver des solutions un peu partout... on pouvait tout trouver ici en France. Puisque l'un des thèmes du film est la connexion (locale), il est tout de même plus facile de former un réseau concret pour penser et agir avec des personnes comme Lydia et Claude Bourguignon, Etienne Chouard, André-Jacques Holbecq, Sylvain Rocheix, etc. qu'avec des personnes qui disent ou font la même chose en Inde, en Finlande, je ne sais où. Le film pouvait servir à ça, aussi?

- Je ne connais pas les intentions des auteurs à ce sujet. Mais, faire intervenir ces acteurs et actrices français, qui participent au débat public, aurait été beaucoup plus sulfureux, évidemment. C'était prendre le risque de se faire traiter de conspirationniste, et autres joyeusetés. 

- Mais c'est justement là un nœud essentiel. Qui a le contrôle de la parole publique, et de l'espace public, et comment il est maîtrisé. Pourquoi ce film est-il possible, et promu? On peut dénoncer vaguement "les multinationales", ça ne mange pas de pain et ça continuera bon train. On ne peut pas décortiquer les mécanismes du pouvoir capitaliste/"démocratique". Si les structures ne sont pas en danger, alors on peut vous laisser déblatérer. 

- Islande! L'exemple est très bon. Pourquoi diable les Islandais sont-ils bloqués? Comment pourraient-ils se débloquer? Là, le film, manque de profondeur historique. Nous, abreuvés de Guillemin, nous savons bien que dès que le Peuple se mêle de ce qui ne le regarde pas, il est purement et simplement fusillé. 

- Autre manque de profondeur / radicalité. "Notre démocratie pourrait disparaître". "Les Etats-Unis ne seraient plus une démocratie". Nous n'avons jamais été en démocratie. C'est fait, clair net et sans bavure : nous sommes dans une oligarchie ploutocratique depuis la Révolution. 

- Question du Pouvoir, donc du rapport de forces. On ne nous laissera faire que ce qui ne touche pas aux structures. Sinon, il faut se préparer à être fusillé. Le micro-crédit? Jacques Attali s'en frotte les mains. Nous, Jacques Attali, nous voulons l'envoyer sur orbite. Blague à part... tout est là. 


Bon, voilà... j'ai beaucoup aimé le film. Dans le meilleur des cas, pourtant, il amènera à une révolution virtuelle. On a besoin de plus.